L’amour de soi : savoir s’apprécier à sa juste valeur 

Renforcer son estime de soi avec la sophrologie

L'amour de soi dépend en grande partie de l'amour que notre famille nous a prodigué quand nous étions enfant et des "nourritures affectives" qui nous ont été prodiguées. Puis l'estime de soi est renforcée par les différentes actions que nous menons au cours de notre vie, surtout si nous savons y reconnaître le regard positif des autres, lequel vient, à son tour, renforcer l'image positive que nous avons de nous-mêmes.

Pour approfondir le sujet, je reçois le Dr Patrick-André Chéné, directeur de l’académie de Sophrologie de paris et auteur

Alain Giraud : J’ai remarqué à maintes reprises que très souvent les patients confondent « estime de soi », « confiance en soi » et « vision de soi ». Y a-t-il des différences ou bien ces trois qualificatifs sont-ils liés ?

Patrick-André Chéné : L’une des définitions de l’estime de soi les plus communément citées est : « Jugement que l'on a de soi et que l'on porte sur soi. »

Mais cette définition, pour intéressante qu’elle soit, replace l’estime dans le domaine du jugement. Or, en consultation, on s’aperçoit souvent que l’estime de soi est quelque chose de bien différent d’un simple jugement sur soi : elle est ancrée dans son être, et traîne cet être comme un boulet quand elle est dévalorisante.

Elle entre en relation avec d’autres notions : l’image que l’on a de soi, la confiance en soi, l’amour de soi, mais aussi la vulnérabilité, la culpabilité, la honte, ou sa capacité à oser être soi-même, le sens de la vie…

La sophrologie, phénoménologie existentielle, s’intéresse par nature à l’être. Or, s’il est un trouble existentiel par excellence, c’est bien le manque d’estime de soi. Tout comme le manque de confiance en soi, ne pas s’aimer, ne pas s’estimer conduit à un blocage existentiel, même si les potentiels, les capacités et les compétences sont là. La confiance en soi est le miroir de l’estime. Il y a, dans le manque d’estime de soi, une perte de la valeur existentielle de la vie. Il va falloir redonner cet élan vital, ce vouloir exister, vouloir dire, vouloir vivre, vouloir être… Rien que cela !

AG : quels sont les symptômes d'une mauvaise estime de soi ?

PAC : Il est important de ne pas confondre le manque d’estime de soi avec les symptômes qui néanmoins en sont souvent le reflet :

  • Corporels : bégaiement, parole coupée, pâleur, rougissement, tremblements, jambes coupées, troubles respiratoires, souffle coupé
  • Perte de communication entre le corps et la volonté : paralysie face à ses interlocuteurs, perte de l’usage du langage, blanc ou impossibilité de se défendre
  • Impossibilité de juguler ses émotions, mais aussi de les exprimer, on les estime trop banales
  • Ne pas pouvoir choisir : indécision permanente, hésitations préjudiciables répétées, peur de l’échec
  • Doute de soi : et si l’autre se rendait compte de qui je suis vraiment…
  • Perpétuelle auto dévalorisation : on doute de ses compétences et de ses capacités

Des symptômes plus subtils se manifestent dans le mode de vie : obésité, blagueur invétéré, fashion victims, people pleasers, etc.

La surestimation n’est pas mieux. Trop d’estime de soi tue l’estime de soi. Elle cache souvent un manque de confiance et d’estime, dissimulé très profondément, voire inconscient, et amenant à des comportements paradoxaux :

  • Orgueil incommensurable, toute puissance de l’ego
  • Arrogance et vanité
  • Disproportion entre ses possibilités et ses aspirations
  • Aveuglement, inconscience
  • Syndrome de la toute puissance : ne se sentir exister que dans le conflit, notamment oratoire.
  • Vouloir avoir toujours raison, penser qu’il suffit de dire pour que les choses soient…
  • Complexe de supériorité: fanfaronnades perpétuelles sur ses possessions, ses réalisations, ses relations, ses réponses à des situations difficiles, etc.
  • Opinion flatteuse de soi-même (à un moindre degré)

Toutes ces anomalies doivent alerter comme symptômes éventuels mais ramener l’estime de soi à ce qu’elle est vraiment : une manifestation de l’être, une expression positive de l’être, sereine et équilibrante. Les trois capacités de référence, chères à la sophrologie, la soulignent : confiance en soi, harmonie physique et mentale, possibilité d’une projection future. Véritable valeur de notre époque contemporaine, l’estime de soi concourt à l’individuation, à la liberté de conscience et au rapport harmonieux à soi et aux autres.

AG : La sophrologie peut-elle aider une personne à retrouver son estime en elle, même si, depuis son enfance, elle s'entend répéter de jour en jour qu'elle n'est « bonne à rien » ?

PAC : Cette attitude parentale que vous citez est bien entendu l’une des causes majeures du manque d’estime de soi, mais non la seule. La sophrologie grâce à une reprogrammation positive, sera efficace sur ces causes anciennes et ancrées, aussi bien que sur des traumatismes récents et échecs déstabilisants. La sophrologie est une discipline de vie, un rendez-vous avec soi qui permet de se retrouver. Les séances consisteront en une série d’exercices à pratiquer dans un niveau de conscience facilement accessible par des exercices de concentration, de respiration et de détente, réalisés au début de chaque séance. Comme un entraînement sportif développe l’enveloppe corporelle, une pratique régulière des exercices permet de développer sa présence au monde et d’être de plus en plus en accord avec soi-même, tant au niveau du corps que de l’esprit.  La sophrologie permet d’activer le positif de sa vie, d’être libre de ses choix et de porter un autre regard sur les évènements de la vie, pour être plus heureux, plus ouvert, plus détendu, quels que soient les évènements extérieurs. Ainsi, elle est particulièrement indiquée pour retrouver confiance et assurance, et constitue une véritable pédagogie de l’estime de soi.

Les séances proposées (dans cet ouvrage) vont apprendre à activer l’estime de soi, en abandonnant les a priori négatifs, les représentations acquises, les vieux schémas réducteurs de l’éducation qui génèrent le manque d’estime.

Une petite voix au fond de vous, caractéristique d’un ancrage négatif se dit peut-être « c’est très bien tout cela, mais je n’y arriverai pas, je n’ai pas le temps ». Votre temps vous appartient, vous lui donnez les contours que vous voulez, c’est votre temps. N’êtes vous pas la personne dont vous devez prendre le plus soin pour que tout ce que vous avez à réaliser puisse se faire correctement, dans l’ouverture à soi et l’expansion de votre être ?

AG : Dans votre livre, vous parler de lumières et de sons pour retrouver l'estime de soi. Concrètement comment  opère le sophrologue pour guider son patient ?

PAC : Activer l’estime de soi avec la lumière consiste à utiliser une technique de renforcement du métabolisme, des organes vitaux et des tissus. Aussi étonnant que cela puisse paraître, l’estime de soi s’ancre avant tout, dans la présence au corps. L’idée est d’utiliser la respiration en synergie avec l’évocation d’une lumière agréable et vivifiante pour encourager le bon fonctionnement du métabolisme et installer une bonne énergie dans le corps.

Cette séance permet d’apprendre à mieux sentir son corps et à le protéger d’une bulle de lumière. Pour ceux qui pourraient avoir tendance à ne pas trop s’en préoccuper, voire à le négliger, elle pourra même aider à se réconcilier avec lui, quant il ne s’agira pas simplement de découvrir et d’apprécier la présence de ce cadeau unique de la vie.

AG : On peut aussi stimuler l’estime de soi par les sons ?

PAC : En effet, cela consiste en une stimulation sonore du corps par les sons et les vibrations, en faisant monter et descendre ceux-ci.

La prise de conscience des vibrations corporelles par l’émission sonore peut être individualisée et approchée très rapidement. Elle permet, tout comme le chant, un grand sentiment de libération et de plénitude, propice aux retrouvailles avec soi. L’objet de ce type de séance est de faire grandir avec les sons.

D’abord, on affirme la présence du corps dans la conscience par l’émission des sons sur chaque partie du corps, dans un mouvement descendant de la tête au bas du corps en posant les mains quelques instants devant chaque partie.

Ensuite, on fait remonter l’énergie par l’émission des sons choisis par le sophrologue en un mouvement ascendant progressivement du bassin à la tête, en posant les mains quelques instants devant chaque partie du corps.  

On poursuit la séance en redescendant les bras avec un mouvement circulaire ramenant les mains jusqu’au 5e système, puis on fait remonter la lumière de l’énergie avec l’émission sonore. Cette montée de l’énergie est associée à celle de l’estime et permet de déployer sa présence au monde et sa force vitale pour exister.

AG : En fait il faut se positiver... Mais comment y parvenir quand on a tendance à avoir l'esprit négatif ?

PAC : Un entraînement positif, une conversion du regard, une ferme volonté de faire évoluer cette part de soi dévalorisante avec l’aide du sophrologue, il faut :

  • être gai, avoir de l’humour
  • goûter la possibilité du paradoxe
  • être soi-même, s’accepter, s’exprimer, s’affirmer
  • vibrer, considérer ses émotions et les déconnecter du négatif
  • reformuler positivement toutes ses expressions négatives
  • aimer la vie
  • être dans la présence de la vie et de ceux qui vous entourent
  • être libre, responsable, digne
  • être l’« être » et non l’« avoir »
  • considérer ses pseudo-échecs comme des expériences enrichissantes
  • être intègre
  • expulser ses vieux démons
  • expulser ses saboteurs
  • expulser ses culpabilisations (ou prendre une corde pour vous fouetter)
  • savoir dire non, savoir dire oui
  • Be, be, be…

AG : En conclusion quels conseils pourriez-vous donner à des personnes qui ont une basse estime de soi ?

PAC : Il n’est jamais trop tard. Le redéploiement existentiel cher à la sophrologie est ici particulièrement indiqué au travers d’un ensemble de techniques que le sophrologue adaptera en fonction des différents types d’estime de soi.

Avoir la volonté, vouloir et surtout s’entrainer pour créer de nouveaux circuits de vivance en soi, vivre positivement cette vie qui vit en soi.

Merci Dr Chéné pour toutes ses précisions. « Renforcer son estime de soi » accompagné de son CD est un ouvrage écrit par Patrick-André Chéné qui propose des exercices de lâcher prise et d'affirmation de soi pour prendre conscience de son intériorité, apprendre à se faire confiance et à positiver, car il faut commencer par s'aimer pour mieux vivre avec les autres. Ce livre-CD contient 6 séances de sophrologie, à faire chez soi (Editeur Ellébore).

Article Alain Giraud Sophrologue RNCP

Vous pouvez échanger de vive voix au 06 07 52 12 68 avec votre sophrologue avant de prendre rdv