La Sophrologie et l’entreprise : une histoire d’amour !

Sophro entreprise

De plus en plus, les entreprises mettent en place au sein de leurs équipes des séances de sophrologie. J’ai constaté, avec la mondialisation et surtout le développement des nouvelles techniques de communication, que les entreprises sont confrontées de plus en plus à de nouvelles pressions. Selon les résultats d’une étude mondiale menée par Monster, plus d’un sondé sur trois déclare avoir changé, ou être prêt à changer de job à cause d’un trop–plein de stress. Il nous faut aller de plus en plus vite pour respecter les délais, être joignable 24h sur 24h, être prêt à relever de nouveaux challenges. Le personnel est exposé à un stress permanent de plus en plus grand débouchant le plus souvent sur un « burnout ». La médecine du travail, le DRH, le comité d’entreprise sont maintenant de plus sensibles à mettre en place des actions de décompressions pours leur salariés et n’hésitent plus à faire appel à des Sophrologues. J’ai moi-même été interpellé par un chef d’entreprise sur l’autoroute qui, en me dépassant, a lu sur ma portière le nom de mon cabinet. Aujourd’hui je reçois dans ce « face à face » Alain Lancelot, sophrologue qui vient de sortir un ouvrage sur le sujet

 

Alain Giraud :  Les entreprises ont elles réellement besoin de mettre en place un suivi sophrologique pour leurs salariés ?

Alain Lancelot : Les entreprises devraient étudier de près toute méthode ou technique permettant à leurs salariés de gérer la pression et la compétitivité toujours plus fortes de nos jours.

La sophrologie en fait clairement partie, elle a démontré des résultats dans de nombreux domaines tels que la gestion du stress, le manque de confiance, les problèmes de sommeil, de concentration ou de motivation, etc. Elle s’implante aussi progressivement au sein des entreprises en raison de son approche pratique et concrète.

La sophrologie apporte ainsi une réponse efficace aux difficultés que les salariés rencontrent lors de leurs journées de travail, et dont témoignent le nombre de Burn out en constante progression dans le monde du travail, ou la mise à mal progressive du ratio productivité / temps de repos. N’oublions pas qu’une entreprise est aussi un lieu où se côtoient de nombreuses personnes, autour d’un projet, d’un nom et de projets communs, mais avec des personnalités, des caractères et des points de vue par nature différents.

Dans toutes ces situations, l’entreprise a de nos jours des obligations de résultat quant au bien-être de ses salariés.

AG : Selon vous qui en est le plus conscient : le comité d'entreprise ou le DRH?

AL : De par mon expérience, si l’intérêt est le même du côté de la DRH ou du comité d’entreprise, la formulation de la demande diffère fréquemment.

Les DRH sont souvent intéressées par l’outil que représente la sophrologie dans la gestion du stress et la cohésion d’équipe, sous forme de formations adaptées aux demandes de l’entreprise, alors que le CE sera plus intéressé par des séances ponctuelles mais régulières, centrées sur les besoins des employés (aux heures de déjeuner, par exemple). Dans ce dernier exemple, on parle davantage de séances de relaxation de groupe, permettant aux salariés de se détendre sur leur lieu de travail. Les séances dureront alors de 45 minutes à 1h, sur une base en général hebdomadaire.

Un troisième canal pour proposer ses services aux entreprises est le biais du CHSCT (Comité d'Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail), lequel est chargé de veiller à la santé et la sécurité des salariés de l'entreprise. Il ne s’agit pas là d’une option, mais bien d’une obligation définie par la loi. L’entreprise doit veiller au bien-être au travail de ses employés, défini « comme l'ensemble des facteurs relatifs aux conditions de travail : sécurité au travail, protection de la santé du travailleur, aspects psychosociaux du travail, ergonomie, hygiène, embellissement des lieux de travail…

AG : Comment les professionnels que nous sommes peuvent-ils accompagner une entreprise en Sophrologie ? Quels sont les principaux axes de travail ?

AL : Je propose typiquement deux axes principaux de travail : le premier consiste en séances de sophrologie pendant les heures de pause ou à l’heure du déjeuner, proposées aux salariés et pris en charge par le CE. De plus en plus de sociétés proposent dans le cadre de la gestion du stress et de la promotion du bien-être au travail des séances de massage, voire même de méditation : la sophrologie a toute sa place dans ces propositions.

Le second axe de travail est plutôt orienté par les DRH vers la facilitation des échanges entre les salariés au sein d’un même service ou de l’entreprise au sens large : leur apprendre à prendre du temps pour eux, mieux gérer la pression, remotiver une équipe... Cette proposition peut se décliner sous forme de formations professionnelles de un à deux jours, avec un suivi régulier une fois par mois, par exemple.

Mais avant de proposer ses services à une entreprise, un sophrologue doit avant tout comprendre les besoins de l’entreprise, de façon à proposer une offre en adéquation avec ses demandes et ses besoins, formulés ou non. Il devra dans un second temps comprendre le public susceptible d’être intéressé par son service, pour déterminer quelle forme peut prendre cette collaboration (sous forme de séances ou de journées de formation) et dans quel contexte se fera cet accompagnement.

Lorsque c’est l’entreprise qui a fait appel à lui, il est également utile de clarifier au préalable si la demande du commanditaire correspond à celle des personnes qu’il aura en face de lui.

Comme lors d’un accompagnement individuel en cabinet, le premier rendez-vous est à ce titre essentiel pour la suite de l’accompagnement.

AG : En tant que spécialiste, quelles sont les techniques à préconiser ? Y a-t-il un protocole qui pourrait être mis en place ?

AL : Il n’y a pas, d’après mon expérience, de technique spéciale ou de protocole spécial « entreprises ». En revanche, il importe de comprendre et de définir un axe de travail dès le début de l’accompagnement, qu’il soit appelé à durer tout le temps de la collaboration avec la société ou que l’on choisisse de le faire évoluer à chaque séance. Cela dépendra encore une fois des besoins de l’entreprise : gestion du stress, accompagner un changement au sein de la société, remotiver une équipe, etc.

Le travail sur la respiration, travail de base en sophrologie, est néanmoins selon moi le premier axe à privilégier. J’ai pu en effet souvent constater en entreprise que les personnes avaient du mal à respirer par le ventre, voire même à comprendre l’intérêt de cette technique. Les exercices du type Relaxation Dynamique seront effectués debout et assis. J’engage alors dans la plus grande partie des cas ce que j’appelle le « RDV », à savoir : la Respiration, la Décontraction musculaire et la Visualisation positive.

Il est bon aussi de commencer la première séance (ou la première matinée, dans l’hypothèse d’une formation) en présentant la sophrologie et l’importance du lien corps / esprit.

AG : Contacter une entreprise n’est pas toujours facile. Quels conseils pourriez-vous donner à un sophrologue qui souhaite entreprendre cette démarche ?

AL : Si je sais travailler avec des productions télévisuelles en coulisses de certaines grandes émissions, c’est parce que je connais, grâce au début de ma carrière professionnelle en tant que journaliste et animateur, les contraintes du « monde de la télé », et que j’ai su comment adapter les techniques de la sophrologie à celui-ci.

Il en va de même pour un sophrologue qui souhaiterait travailler en entreprise : il aura tout intérêt de bien connaître le monde de l’entreprise pour comprendre les besoins particuliers du monde du travail : les contraintes de temps, les publics variés et les attentes différentes selon le mode de gouvernance de l’entreprise, etc.

 

Pour travailler en entreprise il est aussi bon d’avoir développé l’habitude de travailler avec des groupes, de façon à pouvoir faire face à toute éventualité lors des séances ou des formations… N’oublions pas que ces formations agissent dans la sphère de « l’humain », avec ses qualités et ses limites !

Mais le premier conseil serait d’aimer le monde de l’entreprise, avec ses propres codes et habitudes. L’une des clés du succès est en effet de prendre du plaisir à ce que l’on fait, de sorte que j’encourage le lecteur intéressé à se poser la question de savoir ce qui le pousse à travailler en entreprise. Je reçois souvent lors de mes conférences ou ateliers, des retours mitigés de sophrologues confrontés à des séances en entreprise, qui tiennent en premier lieu à une méconnaissance du monde de l’entreprise.

Il faut notamment se rappeler que l’objectif d’une entreprise est de générer un profit, dans un but lucratif et non désintéressé : travailler sur le bien-être en entreprise ne peut selon moi faire l’impasse sur cette logique de base.

AG : Pour terminer, y a-t-il des pièges à éviter ?

AL : Je dirais qu’il faut éviter d’aller démarcher une entreprise sans une bonne préparation, car les professionnels que vous allez rencontrer ont souvent des journées très chargées et ne peuvent vous consacrer qu’un temps limité. Je conseillerais de respecter la règle des 4 C, que je détaille lors de mes formations de « sophro-communication » : être et rester court, clair, cohérent et concret.

Merci Alain pour cette rencontre. Nos lecteurs apprécieront… Alain Lancelot est l’auteur de « Prévenir le Burn Out avec la Sophrologie », aux éditions G. Trédaniel 2015, et du « Petit Livre anti Burn Out », aux éditions First 2017.

Vous pouvez échanger de vive voix au 06 07 52 12 68 avec votre sophrologue avant de prendre rdv