Partir du corps pour travailler sur sa conscience

Sophro maternite

La sophrologie  a été créée en 1960 par le professeur Alfonso Caycedo Médecin colombien, alors à la recherche de moyens nouveaux pour la prise en charge de ses patients dans son service de médecine à Madrid.

Ce regard nouveau s’acquiert par la pratique d’exercices au départ corporels puis peu à peu mentaux et implique immédiatement le patient, qu’on appelle le sophronisant, lui permettant très rapidement par ses choix d’entrainement de trouver une liberté nouvelle, de progresser dans la connaissance de lui-même, basée sur ce qu’il vit, identifie ou se réapproprie, avec ce qu’il est maintenant et non pas sur ce qu’on lui à appris à être. Et c’est bien une liberté nouvelle qui est découverte, la liberté d’être ce que l’on est réellement, mais avec tous ses potentiels de maintenant, toute sa liberté, toutes ses capacités.

 

Dans ce contexte de liberté trouvée, de prise de conscience du corps et de choix existentiel, la Sophrologie a trouvé une application ultra privilégiée dans le domaine de la grossesse, de l’accouchement et du post natal.

Le Docteur Patrick-André Chéné, gynécologue-accoucheur, directeur de l’Académie de Sophrologie Caycédienne de Paris et auteur d’ouvrages de référence sur la sophrologie et la naissance répond à nos questions

Alain Giraud : Certaines personnes, présentant des troubles auditifs, entendent des bourdonnements, des sifflements et des bruits parasites. On dit alors qu’elles souffrent d’acouphènes. S’agit-il d’une maladie ou plutôt d’un dysfonctionnement lié au système auditif ?

Pr Bruno Frachet :  L’acouphène est un symptôme d’un dysfonctionnement du système auditif. C’est la perception par le patient d’un son qui n’existe pas dans son environnement. Parfois il raconte bien, qu’au début, il a cherché pendant quelques temps sa source… cette perception sonore est toujours au début désagréable. Ce symptôme est assez monomorphe et sa description est assez pauvre… sifflements, bourdonnements, grésillements,  bruit de soupape d’une cocotte minute, TV qui s’éteint… Les mécanismes, à l’origine de l’acouphène, ne sont pas non plus très nombreux : soit acouphène de déafférentation, soit acouphène d’hyperstimulation, soit psychogène. Nous reviendrons si besoin sur ces mécanismes. Les circonstances de survenue sont par contre multiples. Beaucoup de maladies de l’oreille et/ou des voies auditives peuvent en être responsables. Et c’est bien à cela que l’acouphène doit sa mauvaise réputation : difficile de découvrir la cause, et surtout difficile de le faire disparaître.

Alain Giraud : En France, la sophrologie se pratique insérée dans le processus de la préparation à l’accouchement et y tient une place privilégiée. Qu’apporte-t-elle aux futures mamans ?

Patrick-André Chéné : La sophrologie accompagne 3 périodes du projet de maternité : La grossesse, l’accouchement, les suites de couches.

Elle permet aux femmes qui choisissent la méthode, de trouver une capacité étonnante de vivre leur grossesse, leur accouchement et l’arrivée de leur bébé dans une liberté nouvelle, basée sur elles-mêmes et non sur ce qui leur a été raconté tout au long de leur enfance et de leur jeunesse.

Elles découvrent tout d’abord une capacité à la détente de leur corps dans ce moment de la grossesse où tout est en chamboulement et en transformation perpétuelle. La perte de repère est totale, le corps s’alourdit, devient inconfortable. Toutes les fonctions sont atteintes (digestion, sommeil, mouvements) sans parler du psychisme et des sens.

La sophrologie va permettre tout d’abord, dans les séances de pratique, de retrouver des instants de confort et de bien-être grâce à la concentration et la détente. Très rapidement 3 ou 4 séances à peine, le lâcher-prise arrive, une sensation de bien-être et surtout de récupération rapide d’une énergie, d’une force intérieure au départ corporelle mais qui va peu à peu devenir mentale.

 

AG : On comprend que la détente est quelque chose de fondamental mais est-ce le seul objectif poursuivi ?

PAC : Le but est clairement autre : partir du corps pour travailler sur sa conscience, le but ultime étant de s’approprier la totalité de cet événement majeur que représente l’accouchement et l’arrivée dans la maternité pour toutes les femmes

L’enjeu est énorme et la pratique d’années de prise en charge de femmes enceintes m’a permis de comprendre une évidence absolue qui est la continuité du processus de vie que cela représente et c’est bien là toute ma motivation.

Installer une vivance dans le positif de la conscience, de toute cette période pour permettre l’arrivée dans cette vie nouvelle qu’est l’état de mère, avec une confiance et un positif acquis tout au long des séances de sophrologie pendant la grossesse et qui va imprimer les liens avec l’enfant toute la vie.

AG : La première découverte est le confort possible dans le corps inconfortable, étiré, malmené, alourdi, occupé et transformé. Comment se déroule la prise en charge par le sophrologue ?

 

PAC : une série d’exercices de détente, de concentration, d’écoute des sensations, d’activation de l’énergie, installe très vite un bien-être puisé, redécouvert en soi-même, puis très vite également arrive la prise de conscience de la capacité de chacune de s’utiliser, de travailler pour être capable de vivre son accouchement positivement au delà de la réalité des gestes et des évènements. Le bien-être du corps, tous ces moments vécus pendant la grossesse va entrainer un sentiment de confiance en soi. Je peux me détendre, là maintenant pendant la grossesse alors qu’il y a deux minutes, j’étais mal. Je peux, si j’accepte de m’entrainer, me détendre également le jour de l’accouchement.

AG : C’est donc une prise de conscience de tous ses potentiels, de sa richesse personnelle avec un regard différent sur l’accouchement…

PAC : Certes, et très vite aussi, le stress de l’inconnu diminue, devient acceptable. Toujours là, bien sûr car les miracles sont exclus, mais supportable, gérable, peut-être même dynamisant.

Le rapport avec la sage-femme sophrologue ou le sophrologue est fondamental dans ce moment de l’installation de la méthode. Son adaptabilité permet d’évoluer sans cesse les protocoles en fonction des groupes, des personnes, pour plus d’efficacité. Outre la découverte du corps confortable, de l’effet sur le stress, le principe de base de l’entrainement pendant la grossesse est la capacité de se projeter dans les moments de l’accouchement, du travail de l’expulsion, mais aussi dans le post natal avec le bébé. La technique de référence en sophrologie pour cela s’appelle « la Sophro-Acceptation Progressive » (ASP).

AG : Ce qui a été vécu comme possible pendant les séances permet-il d’être possible ensuite dans la réalité et ce, quelles que soient les difficultés ?

PAC : Si je peux le vivre dans mon corps avec tous ses inconforts, sa fatigue, dans mes séances de préparation, alors je peux aussi le vivre dans la réalité car j’ai senti que c’était possible dans mon corps, j’ai compris grâce à mon corps, tout d’un coup plus riche, que je peux le faire. Et c’est bien là l’originalité, la force totale de la méthode, cette façon de travailler, d’augmenter la confiance, de se réapproprier le corps, de laisser venir des sensations même pas forcément positives, de revenir à soi, à ce qui se passe en soi, à cette écoute de soi qui va entrainer un respect de ses aspirations, une liberté de choisir, de vivre et surtout une acceptation des phénomènes entre parenthèses qui va être la condition indispensable du vécu positif de l’accouchement : apprendre à accepter ce qui se passe en soi dans un moment, apprendre à accepter que l’accouchement se passe tel qu’il peut se passer.

AG : Dans ce monde où tout se décide, s’organise, se planifie, l’accouchement peut être un cataclysme de désillusion ?

PAC : Apprendre à accepter, apprendre à vivre, à écouter, à sentir, à communiquer au travers de son corps avec le bébé, apprendre à ne pas décider, certainement l’essentiel. La méthode est respect de la personne, de l’humain. (la dignité est l’une des grandes valeurs de la Sophrologie couronnant le 12e degré de la RDC). Elle implique, puisqu’il faut s’entraîner, elle mobilise, elle réinvestit de positif, de confiance. A partir de là, c’est gagné, quoi qu’il se passe, il y aura quelque chose de positif.

AG : Quel est l’essentiel de votre travail en Sophrologie Caycédienne ? PAC : C’est de faire comprendre cette phrase à mes patientes.

PAC : C’est de faire comprendre cette phrase à mes patientes. Je ne suis pas seule. J’ai appris à écouter mon bébé. J’ai appris à écouter mon corps. J’ai appris à changer mon regard sur moi-même, sur les gens qui m’entourent, sur l’accouchement, de toutes façons, il y aura du positif dans ce qui va se passer et je ressortirai plus forte de l’accouchement. Et on peut voir immédiatement le lien avec la vie après. Bien sûr, cela va être difficile, mais je sais que je peux le faire, j’ai un outil extraordinaire à ma disposition une méthode, je sais que je peux passer de l’autre côté de la vie avec ma force intérieure.

Et c’est bien cette force-là ressentie maintes et maintes fois pendant la grossesse, dans les séances qui va se mobiliser à l’accouchement mais qui va se mobiliser aussi, encore, dans la période post natale, où tout à nouveau se joue.

Dans ce moment où le corps peut se vivre comme détruit, ouvert, affaibli, il faut émerger, se reconstruire, se réapproprier son schéma corporel, sa vie. La sophrologie est puissante dans ce moment-là. Elle y a une place énorme. Les séances continuent : se rechercher telle que l’on est après l’ouragan de la naissance, se sentir, retrouver la force, mobiliser de l’énergie pour assumer les nuits, les soins, le bébé, les pleurs, l’inconnu de ses comportements, avoir confiance dans sa capacité à le sentir, à le soigner, à l’aimer.

AG : Atterrir dans la maternité en confiance parait simple mais est-ce-bien le cas ?

PAC : Quelquefois les schémas positifs existent, la situation est facile, ce sont toutes ces patientes qui ont un rapport simple à leur mère, de qualité, un modèle, une image, des clés de départ. Mais quelquefois, c’est très compliqué. L’image est négative ou déficiente ou carrément absente et il va falloir tout inventer. La sophrologie est puissante encore une fois.

Apprendre à projeter en confiance, trouver les ressources en soi pendant les séances, apprendre à accepter ce bébé là qui n’est plus imaginaire parfait. L’aimer dans sa réalité, parfois inconfortable. Positiver avoir confiance, lui faire confiance, accepter de se laisser mener, ne pas décider, laisser faire le phénomène de la sophrologie existentielle et peu à peu construire sa vie, son existence de mère, mais aussi d’épouse. Se vivre avec ce projet de famille que l’on a décidé avec son compagnon. S’écouter, se respecter, s’aimer, aimer son enfant, réapprendre à aimer autrement son compagnon, accepter de s’appuyer sur sa force pour émerger de la fusion, est l’essentiel de l’après accouchement.

AG : On comprend vite l'enjeu dans les relations familiales !

PAC : « Je suis épuisée physiquement et psychiquement mais je peux le faire, je peux avancer, construire, m’entraîner encore et encore ». Pour terminer ma vivance sur la sophrologie et la maternité, j’ai juste envie d’exprimer ma joie de disposer de cette méthode pour encore et toujours accompagner mes patientes dans ce moment fondateur qu’est l’accouchement, ce moment fondateur d’une famille. Toutes mes séances se terminent par une phrase rituelle, leitmotiv

« Calme, sérénité, harmonie, confiance en soi maintenant, le jour de l’accouchement et pour la vie ».

Bibliographie :

Sophrologie, Préparation à l’accouchement  - Auteur : Chantal Tortochot Dr. Patrick-André Chéné 
Editeur : Ellébore éditions

Sophrologie post-natale  - Auteur : Chantal Tortochot Dr. Patrick-André Chéné.
Editeur : Ellébore éditions
Deux ouvrages à lire par tous ceux qui sont concernés par la femme enceinte, l’accouchement les suites de couches

Séances en CD :

Sophro-accouchement - Auteurs : Chantal Tortochot Dr. Patrick-André Chéné
Editeur : Ellébore éditions 
Les quatre séances de ce CD ont été construites afin de répondre à toutes les phases délicates de l’accouchement.

Sophrologie post natale -  Auteurs : Chantal Tortochot Dr. Patrick-André Chéné
Editeur : Ellébore éditions
Deux séances de sophrologie contenues dans ce CD    

Vous pouvez échanger de vive voix au 06 07 52 12 68 avec votre sophrologue avant de prendre rdv