la vie secrete des emotions Sophrologie et émotions

La vie secrète des émotions

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Nous sommes tous baignés d’émotions. Il nous arrive aussi de trébucher, d’être pris dans la tourmente émotionnelle, ce qui ne nous semble pas si grave puisque, une fois la tempête passée, nous nous relevons et poursuivons notre route... Mais ces ressentis peuvent devenir pesants, voire nous « pourrir la vie ».

Et s’il suffisait de reconnaître le besoin fondamental qui se cache derrière un comportement réactif pour sortir de nos boucles infernales ?

Maïté Pecqueur, qui anime des stages d’intelligence émotionnelle et relationnelle pour les parents, les coachs et les managers, et Clothilde Marciano, qui est consultante et formatrice en communication orale et interpersonnelle, ont co-écrit une réflexion sur le sujet. Elles ont bien voulu répondre à mes questions.

Alain Giraud : Pourquoi ce titre original ? En quoi les émotions auraient-elles une vie secrète ?

R : Ce que nous évoquons le plus souvent, lorsque nous parlons d’émotions, ce sont nos réactions : je me suis arrêté net tellement j’ai eu peur, j’ai claqué la porte de rage, j’ai hurlé, je l’ai traité de tous les noms, je me suis effondré en larmes… en sont quelques exemples. Nous oublions -ou nous ignorons- qu’elles sont le prolongement naturel de sensations corporelles souvent occultées. Le processus émotionnel est si rapide qu’il échappe souvent à notre conscience. Nous avons donc cherché par ce titre à éveiller la curiosité et faire découvrir la dimension neuro biologique qui se cache derrière nos émotions.

AG : Quel est ce processus si rapide dont vous parlez et qui nous échappe ?

R : Le processus émotionnel est d’abord biologique avant d’être psychologique. Il prend naissance dans le corps pour se prolonger ensuite dans l’esprit. Un évènement perçu par nos sens comme inhabituel, inattendu, déstabilisant, déclenche un effet dans le corps qui suscite une adaptation -la réaction- destinée à retrouver son équilibre. Cette réaction satisfaisante sur le plan biologique est ensuite mémorisée par notre cerveau et notre mental aura tendance à vouloir réutiliser cette solution sous forme de comportements qui peuvent devenir des habitudes parfois démesurées, pénibles ou gênantes pour soi, pour sa santé et pour autrui.

AG :  Le plus souvent les émotions nous « mènent par le bout du nez ». Comment faire concrètement pour arriver à mieux les maîtriser ?

 R : Apprivoiser son processus émotionnel est à la portée de chacun, avec un peu d’attention. D’abord il faut considérer ce processus qui nous anime sans le juger puisqu’il maintient notre équilibre biologique. Puis ralentir pour observer ce qui se passe et identifier le véritable déclencheur de l’émotion :  un ton de voix, un regard, un mot, un geste… Respirer profondément, boire un verre d’eau, ouvrir la fenêtre… pour prendre le temps d’une réponse plus ajustée au contexte.

Ensuite, prendre conscience que nos comportements répondent à des besoins essentiels qui, avec le temps, peuvent devenir des désirs impérieux, idéalisés, voire fantasmés : par exemple, désir de perfection absolue, de puissance permanente, d’optimisme tyrannique … qui entretiennent nos peurs d’imperfection, d’impuissance, de défaitisme… et nous font voir le monde de manière stéréotypée.

Prendre en compte cette connaissance nous permet, au fil de notre apprentissage, de nous ajuster au mieux dans les circonstances de notre vie quotidienne, au profit de notre bien-être et de relations équilibrées. C’est d’ailleurs ce précieux bénéfice qui nous a donné envie de transmettre et d’écrire ce livre « la vie secrète des émotions » (éditions Eyrolles).

Alain Giraud